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LIBAN : Lettre ouverte à Monsieur le Premier Ministre Tammam Salam.


Monsieur le Premier Ministre Tammam Salam, depuis la fin des opérations militaires au Liban en 1990, les familles des victimes de disparitions forcées au Liban attendent que l’Etat leur rende justice. Des mères attendent ceux qui leur sont les plus chers, leurs enfants, depuis presque 10 ans à la tente des familles des détenus libanais dans les prisons syriennes - dans cette tente sise à deux pas du siège du gouvernement, espérant ainsi que leur cris de douleur et leurs appels au secours réclamant de connaitre le sort de leurs proches vous arrivent au plus vite.

Nous croyons en la continuité de l’Etat et en sa responsabilité de trouver une solution équitable à ce drame, et pour cela nous nous appuyons sur les déclarations de politique générale des précédents gouvernements ; le gouvernement d’union nationale présidé par le Premier Ministre M. Saad Hariri s’était ainsi engagé en déclarant[1] que « le gouvernement libanais considère la question des Libanais disparus comme une question humanitaire et nationale et entend lui accorder l’intérêt et l’attention nécessaires pour déterminer leur sort par respect du droit de savoir de leurs proches et afin de renforcer la réconciliation nationale et de mettre un terme à ce drame dans un cadre de tolérance et d’amour ».

La société libanaise a besoin de voir l’Etat prendre ses responsabilités envers ses citoyens et en premier lieu envers les parents des victimes de disparitions forcées. Ceux-ci attendent depuis des dizaines d’années une action concrète qui serait un premier pas vers la mise en chantier d’un plan d’action général pour résoudre la question des victimes de disparitions forcées et de disparitions au travers d’une commission de vérité, justice et réconciliation.

Désirant, nous les signataires, trouver une solution globale à ce drame, nous vous adressons, Monsieur le Premier Ministre, ce mémorandum pour vous demander d’approuver un décret pour la mise en place d’une « Commission nationale indépendante pour les victimes de disparitions forcées et les disparus ». Cette proposition d’un décret avait été soumise au gouvernement en mars 2012 par l’ancien ministre de la Justice Chakib Qortbaoui puis réitérée par l’actuel ministre de la Justice le Général Achraf Rifi qui vous a fait parvenir son accord à ce sujet.

Monsieur le Premier Ministre, aujourd’hui vous seul êtes capable de ramener un peu d’espoir dans le cœur des parents des disparus, ceci en mettant leur cause sur le bon chemin, en mettant le projet de décret à l’ordre du jour du prochain Conseil des Ministres. Que tout le monde prenne ses responsabilités devant l’opinion publique en adoptant le décret et en instaurant la commission nationale pour que le travail sérieux et scientifique puisse commencer afin d’élucider le sort des victimes de disparitions forcées.

Monsieur le Premier Ministre, nous insistons sur le caractère urgent de cette cause car, comme nous vous en avions informé lors de notre dernière rencontre, nous sommes inquiets et avons même peur pour le sort des victimes de disparitions forcées et plus précisément pour celui de ceux qui sont encore vivants dans les prisons syriennes. Notre crainte est que le chaos actuel en Syrie fasse perdre tout espoir de les récupérer vivant.

Monsieur le Premier Ministre, certains conseilleront de patienter, affirmant que les victimes de disparitions forcées et les disparus sont tous morts et que par conséquent le temps ne presse pas. Pourtant c’est aussi un sujet qui concerne des personnes vivantes dans les prisons syriennes. Pensez-vous que ceux qui croupissent dans la pénombre des geôles syriennes et sont soumis à la torture psychologique et physique depuis des dizaines d’années ont le luxe de faire le choix du lieu et du moment pour trouver d’hypothétiques solutions ?

Aujourd’hui, Monsieur le Premier Ministre, nous vous confions ce projet et l’espoir des parents des disparus, en espérant une réponse positive de votre part.

Beyrouth, le 10 décembre 2014

Signataires :

  • SOLIDE (Support of Lebanese In Detention and Exile)
  • CLDH (Centre Libanais des Droits Humains)

 

Avec le soutien de :

  • ACAT-France (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture)
  • AEDH (Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme)
  • Alef – Act for Human Rights
  • FEMED (Fédération Euro Méditerranéenne contre les disparitions forcées)
  • FIDH (Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme)
  • REMDH (Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme)
  • Khiam Rehabilitation Center

 


[1] dans l’article 35 de sa déclaration de politique générale

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